La PME de Buzy-Darmont, confrontée à un vif retournement de son marché, est restée résiliente. Elle a également fait le choix de se réinventer avec l’industrie du futur. Dans la foulée du changement de propriétaire, un nouveau directeur d’usine, Alexandre Moeuf, est arrivé en septembre 2023. Les résultats déjà enregistrés sont prometteurs.
« Nous avons mis sous contrôle l’ensemble des flux de l’usine, avec des moyens pointus pour en assurer le suivi et piloter les process plus efficacement » précise Alexandre Moeuf, directeur de l’usine située à Buzy, depuis un an. Ce spécialiste de l’industrie du futur, dite 4.0, a changé des éléments physiques - comme les marquages au sol et les zones de stockage – mais surtout outillé les opérateurs et connecté les machines de Petitjean.
Basculement technologique
Sous l’impulsion du nouveau propriétaire, Pascal Leroy, l’arrivée du directeur spécialiste de la digitalisation industrielle marque une nouvelle étape de la vie de l’entreprise. Celle-ci est spécialisée dans l’aménagement d’intérieur de bureaux et leader français des casiers connectés.
Dès 2023, deux tiers du parc informatique est renouvelé, et des tablettes numériques sont distribuées. L’informatique bascule sur le cloud via Microsoft 365, pour favoriser l’interconnexion, avec l’appui d’un infogérant extérieur (Ocineo). Le déploiement de plusieurs logiciels est en cours, qu’il s’agisse d’un ERP de dernière génération (Bonx) ou d’un logiciel comptable intelligent (Pennylane).
La PME bénéficie aussi des contacts de son directeur : elle est devenue bêta testeuse d’un Manufacturing Execution System, ou MES innovant (Juno), connecté en direct aux machines, ainsi qu’à la co-conception d’un outil de pilotage des devis (Relief).
Un investissement important est consenti, avec 25 000 € de changement machine et 150 000 € par an, pour les efforts infra et logiciels de pilotage d’activité.
Les équipes embarquées
Dans ce nouveau cadre, les équipes sont mobilisées, en mettant en place « des animations à intervalle court, afin de favoriser la remontée de problèmes et la proximité. En Lean, on pointe sur le pourquoi, et non plus sur le qui, en favorisant l’échange d’info mais aussi l’usage des données par l’opérateur, pour apporter lui-même des solutions » explique Alexandre Moeuf.
« Nous avons mis à disposition ChatGPT pro, afin que les collaborateurs volontaires explorent leurs idées d’amélioration et testent immédiatement la faisabilité. C’est par exemple très prometteur en matière de planification ou de workflow décisionnel ».
En matière d’outils comme de logiciels, le maître mot est la simplicité « L’expérience utilisateurs est au centre de nos décisions en la matière, il faut que ce soit aussi facile d’utiliser son smartphone que sa tablette pro » précise Alexandre Moeuf.
Dans l’équipe, deux personnes accompagnent le changement, sur son versant technologique, mais aussi en matière d’amélioration continue.
Premiers résultats
Dans les équipes, plusieurs réorganisations ont eu lieu, notamment en créant deux services distincts : production et supply chain, l’un planifie et l’autre exécute. « Exécuter le présent et penser le lendemain ne peuvent se faire en même temps ! L’ancien responsable de production est un planner dans l’âme, et a accepté ce nouveau challenge. Pour la production, un binôme d’opérateurs a été promu en interne au poste de chef d’atelier » souligne Alexandre Moeuf.
Le logiciel de Manufacturing Execution System (MES) constitue le principal changement de fond opéré en production chez Petitjean. Auparavant, tout était piloté “à l’expérience” sur la ligne de production, avec la difficulté de comprendre le “pourquoi” d’un rebut excessif, ou d’un blocage machine.
Cette nouvelle phase de résolution de problème n’explique pas à elle seule les bons résultats enregistrés. « Ces 6 derniers mois, nous enregistrons une croissance de 70 % en agencement sur un marché compliqué depuis 2 ans. Le niaque de notre service commercial et l’amélioration de notre pilotage des devis ont eu de grands effets ». Globalement, Alexandre Moeuf anticipe une hausse d’activité globale à 15 % sur l’année.
« Just in time », le défi 2025
La phase 1 est achevée… place à la phase 2 du plan de transformation. Cette fois, la continuité numérique doit permettre de simplifier au maximum les process, « afin de passer du plan CAO d’une pièce au lancement machine en 2 clics. Cela implique de gros efforts sur les données et sur la coordination du BE, des méthodes et de l’atelier ».
Le marché a changé, et avec lui les attentes des clients, orientés sur des espaces de travail représentant la marque employeur personnalisée à outrance. « Cette nouvelle phase va nous permettre de passer en logique just in time, avec de la production pièce à pièce agile. L’automatisation du contrôle qualité, tout comme une dose de robotisation, devraient nous aider à encaisser la future croissance » anticipe Alexandre Moeuf.
Chiffres clés :
• CA 2023 : 5,4 M€
• Effectif 2023 : 38 personnes
• Effectif prévu fin 2024 : 45 personnes
© Meuse Attractivité / Exergue - Aurélien Tardiveau - Photos Petitjean SAS - Septembre 2024.