Remettre des personnes en difficulté sur le chemin de l’emploi, proposer un vivier de compétences aux entreprises locales, accompagner les acteurs économiques dans leur démarche RSE, Etoffe Meuse illustre le cercle vertueux de l’économie sociale et solidaire.
C’est une initiative unique en son genre, pensée pour redonner espoir aux personnes durablement éloignées de l’emploi dans le nord du département. Implanté depuis 2014 au sein du Centre social et culturel du Pays de Stenay, le chantier d’insertion Etoffe Meuse propose un modèle vertueux d’économie solidaire et d’économie circulaire autour d’un atelier de couture qui travaille avec des nombreuses entreprises et contribue à répondre à leurs besoins de recrutement locaux. « L’atelier est un formidable outil au service de l’emploi, au sein duquel des personnes en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) renouent avec les codes de l’entreprise, le travail en équipe, acquièrent des compétences, entrent dans une spirale positive pour retrouver la confiance. De nombreuses entreprises nous contactent pour trouver des profils, et pas seulement dans la couture », explique Evelyne Fauquenot, la directrice.
Valorisation des déchets textiles
Le point de départ de l’aventure se situe lors des célébrations du centenaire de la Grande Guerre, quand Evelyne Fauquenot lance la fabrication de musettes du Poilu, réplique à l’identique des sacs en toile dans lesquels les soldats français rangeaient leurs affaires. Par la suite, l’atelier a été choisi par l’entreprise Petitcollin pour réaliser une collection de haute couture pour habiller ses poupées. « Nous avons une vraie démarche commerciale, précise la directrice. Désormais, nous inscrivons notre développement dans le cadre de la politique de responsabilité sociétale des entreprises et de l’économie circulaire. Nous démarchons les entreprises pour concevoir et fabriquer des objets spécifiques de haute qualité à partir de déchets liés à leur production, et qui seront valorisés dans leur activité. »
Récemment, Atelier Meuse a par exemple produit 3500 sacoches pour vélos distribués aux élèves du Grand Est en valorisant des équipements de protection récupérés auprès de l’entreprise de travaux publics ardennaise Urano. L’atelier transforme également les affiches textiles de l’enseigne Chaussea en divers objets, tels que des sacs à main et pochettes d’ordinateurs, pour ses clients et salariés. Au début de l’été, c’est La Poste de la Meuse qui a conclu une convention pour produire des sacs et des pochettes issus des vêtements déperlants des facteurs.
Immersion professionnelle
Depuis l’origine, Etoffe Meuse a noué des partenariats avec une cinquantaine d’entreprises locales. Onze personnes travaillent en permanence dans l’atelier, accompagnées par une encadrante technique styliste. Les contrats d’insertion de 4 mois peuvent se prolonger dans la limite de 2 ans, au cours desquels les salariés se voient proposer des formations, des ateliers, ou encore des périodes de mise en situation en milieu professionnel, et peuvent ainsi se projeter dans l’emploi. « Par le biais de l’économie sociale et solidaire, nous avons un lien privilégié avec les entreprises du département : nous leur apportons des solutions personnalisées pour des productions qu’elles ne pourraient pas réaliser en interne, nous créons de l’emploi direct, et les personnes qui passent par l’atelier constituent un vivier de recrutement parce qu’elles ont de l’expérience et qu’elles sont suivies par une équipe. C’est un modèle totalement vertueux », analyse Evelyne Fauquenot.
De fait, en 10 ans, sur les quelque 300 personnes qui ont eu un contrat d’insertion à Etoffe Meuse, 60% ont bénéficié d’une sortie dynamique, dont la moitié en CDD de plus de 6 mois ou en CDI.
Reportage de France 3 Grand Est de janvier 2024
© Meuse Attractivité / Exergue - Septembre 2024 / Photo Est Républicain / Frédéric Mercenier