Meuse Attractivité a réuni 13 entreprises de la zone de Tavannes, à Verdun, afin de réfléchir à s’équiper de panneaux solaires pour produire et consommer de l’électricité en local. Le Grand Verdun, qui y possède un bâtiment, porte l’action. L’étude des besoins et du potentiel de chacun est en cours. Les scénarios sont attendus en cours d’année.
On le sait : la variable énergétique est devenue un élément stratégique pour les entreprises, à commencer par celles aux plus forts besoins. Parmi les PME installées sur la zone industrielle de Tavannes, certaines sont dans ce cas. “Berni consomme 5000 MW par an, et avec les fortes hausses subies ces 2 dernières années, cela nous a mis dans la difficulté” souligne Vincent Minet, directeur industriel de la PME spécialiste de la charcuterie.
L’intérêt de s'équiper en panneaux solaires et consommer l’énergie produite ne s’arrête pas aux “gros consommateurs”. Les autres, aux besoins plus mesurés, pourraient revendre leur surplus à celles demandeuses.
Les premières réunions initiées par Meuse Attractivité (mi 2023 puis au cours de l’année 2024), avec 4 ou 5 dirigeants, se sont progressivement étoffées. Désormais, 13 entreprises - Berni, Léonard Volailles, CORDM, Transdev, etc. - sont dans le projet de boucle d’autoconsommation collective.
Étude des besoins et des potentiels
L’étude préalable, entreprise par entreprise, a commencé. C’est le bureau d’études spécialisé dans la transition énergétique Manergy qui assure cette phase, composé d’un volet technique et d’un autre juridique. “Il s’agit notamment d’établir la consommation électrique précise, et le potentiel de pose de panneaux suivant la surface disponible, la portance des toitures, l’orientation, etc.” détaille Lucas Bouidjerie, ingénieur fluides pour le Grand Verdun, qui suit désormais la démarche collective.
Pour la collectivité, le projet est aussi très concret : l’un de ses bâtiments, installé sur la zone, pourrait être aussi équipé. “L’ambition est, pour nous aussi, de faire des économies d’énergie dans notre budget, et de baisser notre empreinte” souligne Philippe Dehand, vice-président du Grand Verdun en charge de la transition écologique.
Chez Transdev, le directeur Jean-Baptiste Dupont, “attend avec impatience les détails de l’étude. Ce projet nous intéresse car il s’inscrit aussi dans notre démarche RSE. Mais il faut voir si cela va être jouable économiquement car notre toiture est ancienne et il va falloir certainement la renforcer pour accueillir des panneaux”. Parking couvert, atelier, magasin ou encore bureaux pourraient être équipés.

Approfondir la cohésion collective
L’objectif du projet est de consommer 100 % de l'énergie produite sur la zone d’activités. Certaines entreprises vont consommer l’intégralité de leur énergie, voire en acheter à leurs voisines, dont les besoins sont moindres.
Grace à l’étude, les entreprises pourront appréhender les tarifs d’achat, comme les durées de retour sur investissement si elles décident de s’équiper de panneaux. “C’est un projet avec du sens, qui crée du lien entre les acteurs” note Philippe Dehand.
Berni n’a de son côté pas attendu cette action collective pour s’équiper. La PME va installer 3000 panneaux, sur la toiture et via des ombrières. La première phase est prévue en avril, et la seconde en octobre. “Cela va nous permettre de couvrir environ 15 % de nos besoins. Pour notre énergie, nous sommes dans une logique groupe (Berni appartient à Alliance depuis 2022, NDLR), avec des contrats pluriannuels négociés. Si des entreprises voisines s’équipent en photovoltaïque et revendent une partie de leur production électrique, pourquoi pas mais il faudra voir les tarifs. C’est cela qui va faire la différence” précise Vincent Minet. C’est aussi le cas de CORDM, ou de Léonard Volailles, déjà équipées.
Bâtir des scénarios et trouver des aides
Chaque entreprise va prendre la décision, ou non, de s’équiper. Selon leur nombre et leur besoin, plusieurs scénarios vont être bâtis. “Il va falloir bien mesurer la quantité de production possible, et connaître précisément les talons de consommation (consommation d’énergie d’un site inoccupé, NDLR) pour bâtir des scénarios, nous a précisé le bureau d’études”, détaille Jean-Baptiste Dupont.
Une fois cette étape actée, le cahier des charges du projet prévoit également d’aller demander des aides, en lien avec la transition énergétique notamment.
Une boucle collective dans le Sammiellois en cours de réflexion
Cette fois, Meuse Attractivité a sollicité en premier lieu la Communauté de communes. Et l’intérêt est là ! “Nous avons 14000 m2 de toitures disponibles. Nous allons lancer une étude de portance, pour voir ce qu’il est possible d’installer sur l’existant. Et en parallèle, nous allons sonder les professionnels du voisinage, pour connaître leur besoin énergétique” détaille Régis Mésot, le président de la Codecom. En milieu rural, une boucle pour l’autoconsommation peut s’étendre à 20 km à la ronde.
© Meuse Attractivité / Exergue - Mars 2025